L'humour de Commandeur

Publié le par www.lassaut.fr

Oui, je commence par un petit jeu de mot gentillet (cf "Les humeurs de Commandeur"). Tout ça pour dire que j’ai réfléchi (un petit peu) pour essayer de comprendre pourquoi on pouvait rire autant de telle ou telle chose, ou du moins quand c'était raconté de telle ou telle autre manière. Le rire reste un mystère. En tous cas, je voulais savoir pourquoi, moi, ça me faisait rire, vous, je ne sais pas ... Quoiqu'il en soit, j'ai observé que Jérôme Commandeur me fait le plus rire quand il invente des personnages et qu'il nous fait entrer dans la réalité de son monde (on appelle ça le « pacte référentiel », c’est-à-dire que les lecteurs (ici, spectateurs ou auditeurs) se mettent d’accord avec l’auteur (en littérature) pour croire à son histoire, ses personnages …).

 

Alors, je ne vais pas faire la liste des personnages de Commandeur (il faudrait des pages et des pages) mais il invente un personnage, à qui il donne une vie, une histoire, parfois une famille, un métier, des idées, des points de vue ... Et puis, comme si ce n'était pas assez, une voix (alors soit la petite voix aigüe ou au contraire la grosse voix bien grave) et encore une telle confiance en soi et en ses idées qu'il peut sortir les plus belles conneries sans ciller. Alors ok, ce n'est pas des personnages dont il a étudié pendant des années la psychologie et dont il a affiné les traits de caractère pour les rendre les plus réalistes et les plus touchants possibles mais en même temps, est-ce que c'est ça qu'on lui demande ? Non !!!!!!!!! Et parfois le propos est loin d'être subtil mais franchement que peut-on reprocher à Jérôme Commandeur ? Rien. Il fait son petit bonhomme de chemin sans trop se faire remarquer (enfin, je veux dire, il va de temps en temps à la téloche, par exemple, sans pour autant y être trop ou faire son cinéma (c'est pile la juste mesure) et quand il est invité, on n'entend pas que lui. Parce que je trouve que c'est ce qu'on peut reprocher à ses collègues : quand ils sont invités, c'est comme s'ils s'obligeaient à l'ouvrir constamment pour dire toutes les conneries qui leur passent par la tête quitte à être super lourds, alors au début, on se poile et puis après, on finit par ne plus les encadrer et même on a envie de les balancer par la fenêtre.

 

Moi, les histoires de Commandeur, j'adhère complètement. C'est du grand n'importe quoi et ça me va très bien. Et je sais que leurs propos sont absurdes  mais, moi, l'absurde, c'est  toujours ce qui m'a fait le plus rire. Par exemple, je l'avoue, à la toute fin des années 90, j'étais fan mais fanissime des Robins des bois sur Comédie (tant et si bien que j'ai été plusieurs fois assister à la Grosse Emission à Comédie) et ceux-là même donnaient dans l'absurde (ah ! C'est il y a bien longtemps, ma bonne dame !). Bon, ils n'ont heureusement pas (eu) le monopôle de l'absurde mais je ne vais pas vous faire une liste. Mais voilà, c'était pour appuyer le fait que j'adhérais plus à l'humour absurde que l'humour politique (Ruquier, par exemple), ou l'humour un peu hard (Guillon), à l'humour plus ... comment dire ? Moi, jdirais lourd ... (Bigard, Lafesse, Baffie), l'imitation (Dahan, les Guignols, Canteloup, Laurent Gerra (alors, lui, par contre, en particulier, je ne peux plus l'encadrer ... Voilà. C'est comme ça !)) ...

 

Par contre, Chris Esquerre (encore de l'absurde) sur Canal me fait beaucoup rire (mais vraiment la franche rigolade. Où va-t-il chercher tout ça ?), Alévêque (humour grinçant mais ça fait longtemps qu'il me fait rire !), N'gijol (je ne sais pas trop dans quel style d'humour on peut le « classer » mais il me fait beaucoup rire quand je le vois à Canal (ou ailleurs). Il a une sacrée répartie sur tous les sujets et sans trop se la ramener!), Julie Ferrier (dans l'humour du "quotidien"), François Damiens depuis que je l'ai vu dans l'Arnaqueur (come Julie Ferrier, d'ailleurs), je l'ai adoré. Il m'a lui aussi fait pleurer de rire. Je trouve que rien que pour lui, le film valait le coup !!!! Bon, je pourrais parler encore longtemps de ceux que j'aime beaucoup et ceux que j'aime moins mais en même temps, je doute que ce genre d'énumération intéresse grand monde alors ... stop !

 

Mais comme encore une fois, j'ai dérapé dans un tout autre sujet. Comme je vous plains, lecteurs ! Je reviens sur le propos d’origine : l’originalité de Commandeur. Je pense aussi que ce qui joue tout simplement, c’est qu’on est quasiment de la même génération, qu’il plaisante sur des sujets d’actualité, ou pour le moins actuels, et qu’il est sur Europe 1. C’est vrai, hein ?, rien ne sert de chercher midi à 14 :00, je ris à ses « humeurs » (et tout le reste) parce qu’on se « ressemble » !!! Je « me reconnais ».  

 

 

 

« L’humour en France, histoire et origines : Quand le rire s’adresse à l’intelligence

 

7 févr. 2010 Belya Dogan

 

Actualité - Honoré Daumier

 

Depuis la Révolution, la France n'a de cesse d'entretenir avec l'humour un rapport d'amour et de défiance. Retour sur plus de 200 ans d'une relation passionnelle.

 

"Les Anglais ont un terme pour signifier cette plaisanterie, ce vrai comique, cette gaieté, cette urbanité, ces saillies qui échappent à un homme sans qu'il s'en doute, et ils rendent cette idée par le mot 'humeur', 'humour', qu’ils prononcent 'Yumour'." C'est ainsi que Voltaire, l'un des premiers, utilise le terme d'humour dans sa correspondance avec l'Abbé Olivet, en 1761.

 

Cet humour "se caractérise par l'aptitude à rire de soi tout en provoquant le rire d'autrui, il comporte l'aveu d'une faiblesse humaine...", selon le journaliste et écrivain anglais Gilbert K. Chesterton. "Le trait d'esprit", jusqu'alors en vogue chez les artistes et les intellectuels français, n'est pas pour Chesterton comparable à l'humour, car pour lui "l'esprit, c'est la raison sur le trône du jugement".

L'humour : le rire de l'intelligence ?

L'humour lui ne juge pas, au mieux il dénonce ou révèle toujours avec humilité. D'une manière plus large, Henri Bergson dans "Le rire" affirme que "le comique exige, pour produire son effet, quelque chose comme une anesthésie momentanée du cœur. Il s'adresse à l'intelligence pure".

 

Si la France, plus habituée aux philosophes des lumières, n'a plus, au 18e siècle, à faire la preuve de son intelligence, donc à son aptitude à rire, il semble toutefois que les Français entretiennent avec l'humour un rapport complexe et fragile.

Humour ou satire : les journaux sur le fil

A peine débarqué dans une France encore étourdie par le sifflement strident de la guillotine, l'humour se répand comme une traînée de poudre. Les Français prennent exemple sur leurs voisins anglais et allemands et dévorent journaux et gazettes satiriques qui comptent plus de 400 titres différents ("Le Charivari" 1832, "La Caricature" 1830, etc.).

 

Dans ce déferlement journalistique, les gravures d'Honoré Daumier ou de Granville, entre autre, vont titiller les consciences républicaines en forçant le trait de la caricature au delà de la simple représentation comique. La posture ne s'y cantonne pas uniquement au divertissement et tend à investir par l'humour les champs de la réflexion sociale et politique.

 

Mais les beaux jours de la caricature ne dureront pas, l'Empire napoléonien va mettre un frein à cette frénésie. Chassée des journaux par la censure imposée à la satire politique en 1835, elle va se colporter sous le manteau sous forme de feuillets pamphlétaires.

 

En 1915 l'humour refait surface avec le "Canard enchaîné". Ce journal satirique, anarchiste, anticlérical, dédaigné par l'élite comme colporteuse de "canards" (informations fausses en langage journaliste de l'époque), sévira dans une relative liberté.

De l'humour au comique

Mais la Seconde Guerre mondiale balaie ce bel élan et laisse une France meurtrie, occupée à sa reconstruction. Les Français aspirent massivement à se divertir. Les artistes investissent alors la comédie domestique et bon enfant.

 

Le gag visuel ou de situation, le quiproquo et la comédie bourgeoise dominent le travail des artistes sur la scène comme au cinéma. Les héritiers de cette vague, où le comique l'emporte sur l'humour, sont encore vivaces et citons pour rendre hommage à ces grands noms : Louis de Funès, Fernandel, Bourvil, Bobby Lapointe, Maurice Chevalier, etc.

L'humour fait de la résistance

Mais certains artistes semblent résister à cette "facilité". En 1953, dans "Les vacances de Mr Hulot", Jaques Tati tisse avec son personnage, ovni lunaire et maladroit, les plus belles pages de l'humour cinématographique français. Il dénonce avec poésie l'absurdité d'une société pressée de consommer, de faire du bruit et de s'uniformiser.

 

Raymond Queneau, avec "Zazie dans le métro" (1959) offre une première vision de l'humour moderne dans la littérature française. La chanson elle aussi compte ses franc tireurs comme Georges Brassens dont certains textes s'inscrivent dans un registre burlesque ("Gare au Gorille", "Hécatombe"...).

La fin de la trêve

La guerre d'Algérie signe la fin d'une trêve tacite entre humoristes et politiciens. Les acteurs du rire s'emparent ouvertement des thèmes politiques : pouvoir d'achat, éducation, immigration, chômage, pauvreté, consumérisme et politique politicienne.

 

Les caricaturistes trouveront à partir de 1960 un nouveau journal (fondé par Chauron et Cavanna) au nom aussi provocateur et noir que son humour : "Hara Kiri". A la télévision, l'émission "Le petit rapporteur" (1976/1977) de Jacques Martin, propose une critique impertinente du conservatisme ambiant.

Une arme de contestation ouverte

Dans ce même élan, on voit émerger des humoristes contestataires ou engagés, souvent soutenus par les radios libres nées après la fin du monopole d'état en 1981, qui signeront l'âge d'or de l'impertinence à la française.

 

Guy Bedos affirme ses engagements politiques sur scène. Coluche s'implique socialement et bouscule les politiciens par sa "vraie-fausse" candidature à la présidence. Thierry Leluron épingle la gauche comme la droite par ses imitations corrosives et bouscule les préjugés par son faux mariage avec Coluche. Raymond Devos et Pierre Desproges manient l'absurde pour critiquer l'endormissement des consciences politiques.

 

Au final, la France dans ce pas de deux avec l'humour, n'a eu de cesse de chercher la juste mesure. Satirique dans ses caricatures, ironique et impertinent sur scène, contestataire et polémique sur grand écran, l'humour français a-t-il su trouver la bonne distance ?

 

Depuis 1990, rien ne va plus, l'humour, un peu comme un mari volage, se voit expédier sur le canapé ! La France n'aurait-elle plus d'humour ?

 

Seconde partie de cet article : L'humour français en liberté surveillée ?

 

A lire :

 

"L'humour" - Robert Escarpit - 1994 aux Editions PUF

 

"Humour" - Gilbert K. Chesterton - article de l'Encycloepedia Britannica - Edition 1929 »



http://www.suite101.fr/content/lhumour-en-france-histoire-et-origines-a7482

 

 

 

 

 

Publié dans Corbeilles et balcons

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